lundi 30 juin 2014

ParisBerlin, numéro 100, spécial Pologne

Aujourd'hui paraît le 100ème numéro de ParisBerlin, le magazine franco-allemand, entièrement bilingue et qui consacre cet été un important dossier à la Pologne. Deux articles sont signés de ma plume: "Francja Elegancja" et les "Allemands en Pologne". Vous trouverez également des articles de Jakub Iwaniuk sur l'histoire politique récente et les relations franco-polonaises, un reportage sur la forêt de Bialowieza, jamais touchée par la main de l'homme, entre Tsars et bisons, signé Virgnie Little, et plein d'autres choses!




(Apparemment le magazine est "mis gracieusement à la disposition des publics dans des lieux à fort trafic franco-allemand"...)
Sur le site, vous avez accès a l'edito et au sommaire, vous pouvez également le commander.
Bonnes lectures cet été!

lundi 23 juin 2014

Contes de l'entre-deux

Je vous annonce la naissance de mon livre Contes de l'entre-deux, qui n'est déjà plus le mien, mais celui de ses  lecteurs.

De nombreuses nouvelles contenues dans ce recueil se déroulent à Berlin et à Varsovie.

Je remercie en particulier Christophe Thill, grand connaisseur de la littérature fantastique, spécialiste de Lovecraft, traducteur du Roi en Jaune de Robert W. Chambers, co-fondateur des éditions Malpertuis et qui a réalisé ce livre.




Il décrit mieux que moi ce qu'il renferme:


"Au cœur du fantastique, on trouve une qualité essentielle qui en anime les plus grandes œuvres : l’étrange. C’est bien ce parfum qui baigne les Contes de l’entre-deux et accompagne ses héros, qu’il s’agisse pour eux de disputer une partie d’échecs contre un chat qui parle, de rencontrer les fantômes d’une usine abandonnée, de trouver son chemin dans les compartiments d’un train lancé dans une course folle, ou encore d’affronter les conséquences du fait d’avoir toujours raison.

Si elles sont bien localisées dans le temps et l’espace — souvent en Europe centrale — c’est pourtant un vent venu d’ailleurs qui souffle sur ces énigmatiques nouvelles."

Les Contes de l'entre-deux sont disponibles auprès de votre libraire en France et sur le site de l'éditeur si vous habitez ailleurs.
http://www.ed-malpertuis.com/spip.php?article70

- ISBN : 978-2-917035-34-4 
- 15,6 x 23,4 cm. 124 pages. 11 €. 
- Parution : juin 2014. 
- Illustration de couverture : Tim Chiesa.

mercredi 18 juin 2014

Bulles Berlinoises

Il existe sur la carte de l'Europe un point qui attire tous les naufragés du bien-paraître et du bien-être. Un point qui a traversé l'Histoire et les modes, les remises en cause et les années dorées, et qui sans doute, servira encore pendant de nombreuses décennies de boussole à ceux qui ont perdu le Nord.

Est-ce l'offre de toute ville grande et suffisament anonyme d'attirer les différents? Sans doute. Mais dans son histoire récente, Berlin a eu un argument de plus. A la fin de la seconde guerre mondiale, la ville et le pays sont divisés et administrés par les vainqueurs (comme en Autriche dont l'occupation prit fin dès 1955). La tension entre l'URSS et ses anciens alliés culmine en 1961 avec le début de la construction du fameux mur de Berlin, séparant la partie russe des autres zones. Plus qu'une séparation, il s'agit de la naissance d'une enclave en plein milieu de la RDA. Berlin-Ouest est alors uniquement relié à l'Allemagne de l'Ouest par une seule autoroute, véritable cordon ombilical.

Qui rêve d'habiter une enclave? Il existe de grands parcs, des forêts comme Gruenewald et le lac Wannsee pour respirer un peu. Cependant, ces quelques atouts n'attirent pas les foules. Les grandes entreprises ont déserté la capitale et les administrations publiques sont déjà installées à Bonn. Les autorités locales ont donc imaginé d'autres incitations à venir s'établir (ou plutôt à contenir les départs): Des avantages sociaux, mais surtout la possibilité d'échapper au service militaire! L'Allemagne rebelle a trouvé son île, avec ses figures du rock, sa créatitivité, son laisser-faire que nous n'avons pas connu.





Aujourd'hui, vivent en colocation différentes populations, chacune ne sortant discrètement de sa chambre que pour visiter la cuisine: Les Berlinois eux-mêmes, toujours prussiens dans l'âme, qui se terrent dans les quartiers les plus austères. Les Berlinois d'adoption, arrivés il y a cinq, dix, vingt ans et qui ne peuvent s'empêcher de former un groupe à part. Les pré-Berlinois qui viennent d'arriver et qui ne savent pas encore s'il resteront   quitte à accepter un travail qui ne leur plaît pas  ou s'ils s'envoleront vers d'autres cieux, aussitôt nostalgiques. Et bien sûr, la foule touristique, qui se bouscule les weekends car, oui Berlin est à la mode. Une vague qui ne fait que passer en été, telle la marée haute et se rétracte en hiver, laissant le sable jonché de bouteilles vides.

Quelles sont les bulles qui pulullent dans la même coupe et ne se croisent jamais? Les électros, les gothiques, les nationaux-socialistes, les marxistes, ceux qui boivent, ceux qui ne boivent que de l'eau pendant les vingt-quatre heures du Berghain, les Russes de Marzahn, les Vietnamiens de la deuxième génération (arrivée en RDA en tant que main d'oeuvre), les erasmus émoustillés, les étudiants bien habillés de la Technische Universitaet, les Wessies, les Ossies, les jeunes parents devenus bobos, les jeunes de Prenzlauerberg qui ne le sont pas encore, les designers, les artistes dépravés, les artistes reconnus, les consultants PR, les Américains qui délaissent Paris, les Polonais gays qui étouffent de catholicisme chez eux, les lesbiennes, trans, bis, hétéros ouverts ou non, les expatriés français, les expatriés bavarois, les Turcs de Wedding, les Turcs de Kreuzberg, les Coréens clairsemés, les SDF, les hartz IV,  les squatteurs de Friedrichshain, les squatteurs de Neukoelln, les dealers, les videurs, les promoteurs immobiliers, les nobles de Charlottenburg, les miséreux de Pankow, les think tankers à lunettes, ceux qui ne se préoccupent pas de géopolitique, ceux qui préfèrent le calme à Potsdam.

Finalement l'important, c'est que personne ne regarde l'autre de travers. L'important c'est que tout le monde s'en moque. Que chacun fasse ce qu'il veut, soit qui il veut, devienne qui il veut. Avec au bout de la Fernsehturm un risque: le risque de l'indifférence et le visage anonyme d'une grande ville, autrefois enclave rebelle.