jeudi 16 janvier 2014

(Très) Jeune musique Made in Poland

Au niveau musical, il s'en passe des choses en Pologne! Des jeunes groupes apparaissent partout, comme les champignons après une nuit d'averses en forêt de Poméranie. Difficile de suivre, de se rendre à chaque concert, de choisir à l'approche du weekend varsovien.

Parmi les plus récentes découvertes, "The dumplings" (en référence aux pierogi!) est sans doute la plus marquante. Ils ont 16 et 17 ans, sont encore au lycée, viennent de Zabrze, une des villes industrielles de Silésie. Ils font de l'électro-pop avec des accents 80's et 90's et chantent dessus! Leur premier album est prévu au printemps de cette année et en attendant, ils ont posté toutes leurs chansons sur Soundcloud.


"Stela Squat", est un groupe pas beaucoup plus âgé de Cracovie, formé autour la charismatique Stela, chanteuse et compositrice, alien des planètes électro, rétro et jazz réunies. Ils ont sorti leurs premières six chansons dans un album fait maison. C'est ici sur Soundcloud! Mes préférées: Stoje na rogu et Another Guy. Après les avoir vu lors d'un concert dans une des caves du quartier Praga, difficile de ne pas se repasser les chansons en boucle dans le cerveau-magnétoscope.



Sinon, déjà reconnu, mais aussi représentant de cette nouvelle génération, David Podsiadlo:




Encore? Oui, sur le conseil de Jasiek, 18 ans et qui s'apprête à consacrer sa vie à la scénographie théâtrale, le groupe "Oly", acoustique (avec des ukulélés!), plus doux mais intense.



Bref, la démocratisation de la création musicale grâce à des software comme cubase (ou simplement de l'envie) a du bon. Apparemment, ça bouge même chez les voisins en Biélorussie (Merci Seb!).

lundi 13 janvier 2014

Karl-Marx-Allee ou l'anti-alternative

Les immeubles imposants de la Karl-Marx-Allee ont une fonction première: celle de démontrer au petit promeneur son insignifiance, lui qui lève les yeux vers les phares éblouissants d'une époque révolue, bousculé par les bourrasques de couloir, forcé de s'incliner devant l'autel du temple. Autrefois Stalin-Allee, elle est la cousine germaine des monumentales Kiev, Saint Petersbourg, Minsk, et bien sûr l'antichambre de la capitale Moscou.

Assister seul au levant, réfléchi dans les milliers de carrés, dans l'axe de la Fernsehturm, est un voyage cosmique que seul Kubrik a réussi à reproduire sur pellicule. Ensuite, il est à la fois agréable et dérangeant de suivre du regard les tanks et les fusées fantômes qui continuent de défiler.




Est-ce sa nudité qui effraie les passants? Sont-ce les bruits autoroutiers? Peu importe la raison, la Karl-Marx résiste merveilleusement à la nouvelle Berlin. Ni modernisée comme les alentours du Hackescher Markt, ni gaie comme le quartier Freidrichshain qui la jouxte. Les nouveaux bars ferment vite leurs portes. Les rares promeneurs se pressent de se réfugier sous terre, dans une rame de la U5. Seuls les taxis l'empruntent volontier car ça roule vite.

Dans les blocs immuables se terrent les survivants de la véritable Berlin-Est. Peu de promoteurs, peu d'expulsions comme la mode le commande. Au contraire, les habitants de l'allée venteuse lisent encore Neues Deutschland, votent encore communiste et ne rénovent toujours pas. L'hospice géant ne dura sans doute pas éternellement...

Aujourd'hui, il reste encore quelques raisons de s'y rendre si on y habite pas: Le Kino International, palais du kitch élégant, ancien lieu des projections officielles où l'on glisse sur les confortables sièges, emporté par les vagues du plafond, visionnant les films les moins commerciaux du moment. Et le café Moscou, galerie à l'avenir incertain. Et peut-être que se rendre à la Karl-Marx-Allee est l'occasion de respirer une vivifiante brise anti-alternative entre deux sorties désormais ordinaires.